Vous qui décorez votre intérieur avec nos belles trames de mosaïques, revivez toute son histoire depuis la nuit des Temps, ou presque !
1. La Mosaïque d’antan
1.2. La Mésopotamie : les origines
La Mésopotamie, oui, ça vous parle, enfin vous l’avez surtout vu en CM2… Mais c’est où déjà ? 🙂
“La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel”
Ouf, merci Wiki ! La mosaïque fait donc d’abord son apparition en Mésopotamie, presque 8000 ans avant J-C.
Rapidement, on en distingue deux sortes :
- La mosaïque de pavement c’est-à-dire posée au sol, et
- La mosaïque murale… posée au mur donc 😉
Appréciée pour sa résistance, la mosaïque de pavement en galets fût la première à faire son apparition environ 8000 ans avant Jésus Christ. Sa qualité était telle que des vestiges datant du VIIIème siècle avant J-C. ont encore été retrouvés récemment à Gordion en Asie Mineure.
Au Moyen-Orient, les Perses utilisaient cette tendance à des fins pratiques, usant de dessins clairs sur fond sombre, avec très peu de relief ; les galets non taillés laissaient apparaître le ciment entre les interstices et étaient appréciés pour leur solidité.
Par la suite les Sumériens (Basse Mésopotamie) employaient quant à eux une technique décorative à base de coquillages et de morceaux de terre cuite de diverses couleurs : ainsi, ils disposaient de couleurs vives telles que des nuances de rouge, qui contrastaient avec du blanc et du noir. Ils incrustaient ensuite leurs mosaïques dans les murs avant de les protéger : la tâche n’était pas si évidente, car point de trame pour maintenant les tesselles en place, comme les mosaïques modernes !
N’en déplaise au Roi Léonidas, qui, comme vous le savez, consommait les chocolats du même nom (!) pour se consoler de sa défaite contre les Perses, ce sont ces derniers qui ont exporté cette pratique décorative par la suite dans tout le bassin méditerranéen jusqu’en Grèce, où de nouvelles techniques ont vu le jour…
1.2. L’Art Grec : les précurseurs
L’importation de cette mosaïque de galets en Grèce date du VIème siècle avant J-C, d’abord avec des motifs géométriques simples, puis avec des motifs plus élaborés. On y retrouve des galets de couleurs blanches, mis en valeur par un fond plus sombre ; noir, gris bleuté, ou brun rougeâtre. Cette technique dite en calade (c’est-à-dire pavée de pierres) d’origine Grecque reste encore inégalée à ce jour !
Par la suite, les Grecs décidèrent d’utiliser des pierres et du verre dans la mosaïque, pour rendre les surfaces plus planes et confortables dans un usage domestique. L’utilisation de ces matériaux dans des dimensions plus réduites et plus facilement taillées, permet davantage de précision et la réalisation de motifs plus fins comme des personnes, des animaux ou encore des végétaux.
Au IIIème siècle avant Jésus Christ apparaît finalement la mosaïque en tesselle. Les mosaïques ne sont alors plus composées de galets mais de pierres naturelles coupées en petits cubes. Dans la Rome Antique, ce travail était réalisé par des ouvriers spécialisés, les tessellarii.
L’art de la mosaïque était au départ l’apanage des Grecs, mais il est progressivement devenu celui des Romains. En effet, quelques artistes Grecs effectuaient régulièrement des travaux à Rome. Leurs ouvrages impressionnèrent les italiens qui eurent envie de développer le même style chez eux. Afin d’étudier de plus près l’architecture grecque, ils se sont rendus sur place au Ier siècle avant J-C, et c’est ainsi qu’ils ont repris l’Art Grec pour l’améliorer, et surtout l’exporter vers les contrées Nord-Africaines et Européennes.
1.3. L’Art Romain : la mosaïque du sol au plafond
Avec le savoir-faire des Grecs, le marbre d’Italie et d’Afrique, on pourrait penser que les Romains n’ont fait que reprendre leurs idées ! Mais non, ils sont aussi pour la plupart des empereurs, philosophes, poètes… Oui, non, on s’égare, les Romains sont avant tout des avant-gardistes et inventeurs ! 😉
C’est au Ier siècle avant J-C que la mosaïque murale verra le jour sur de petites surfaces en ornement de fontaine, puis 100 ans plus tard sur les voûtes des églises.
Les romains ne se sont pas contentés de développer l’art de la mosaïque, oh que non ! Car c’est du IIème au IIIème siècle après J-C que l’empire romain a atteint son apogée :
L’Empire avait l’intention d’apporter art et civilité aux peuples “Berbères”, (origine de barbare) un mot qu’utilisaient les grecs et les romains pour qualifier tous les peuples qui ne parlaient pas leur langue, et qui de surcroît tenaient tête aux coutumes Gréco-romaines.
Les romains ont surtout imposé leur autorité et leur puissance en posant des mosaïques de tout type, que ce soit en Asie du Sud-Est, en Afrique du Nord et même en Europe avec des représentations religieuses ou de légendaires batailles remportées…pas de chance pour nous les Gaulois !
Avec des motifs géométriques, et des iconographies religieuses, la mosaïque continuera d’apparaître dans la décoration d’intérieur des premières églises paléochrétiennes au V et VI ème siècle après Jésus-Christ, mais la tendance disparaîtra peu à peu jusqu’au IXème siècle…
1.4. L’Art Byzantin : l’apogée de la mosaïque
Les mosaïques de Ravenne en Italie illustrent parfaitement cette tendance. Ravenne est par ailleurs l’un des sites les plus anciens, caractéristiques de l’art Byzantin.
Ce style de revêtement mural se développe au IVème siècle, avec des représentations totalement centrées sur la religion et via de nouveaux matériaux comme les smaltes vénitiens (émaux très colorés) et les tesselles d’or. Les coloris sont disponibles dans tous les dégradés, et l’inclinaison des différentes tesselles permet de créer un jeu de lumières sur la mosaïque colorée.
La mosaïque Byzantine est un art encore inégalé à ce jour : la mosaïque de Sainte Sophie à Constantinople en est un fier exemple ! Cela dit, à cette même période, tout n’était pas rose : ce sont les prémices des Guerres Saintes. 😰
1.5. L’Art Religieux : la destruction créatrice
La mosaïque Byzantine s’exporte vers l’Orient avec la même pratique décorative religieuse.
Bien qu’un grand nombre de mosaïques avec des représentations chrétiennes fussent détruites lors de la conquête de Constantinople, des œuvres de cette ville subsistent encore à ce jour.
Les orientaux utilisent une mosaïque colorée comme ornement extérieur au mur de personnes fortunées ou pour garnir les murs des bâtiments religieux. La différence étant que les représentations divines, de visage ou de corps humain sont totalement interdites, de ce fait ils adoptent un style entièrement géométrique, composé d’arcades et de spirales. Ainsi naîtra une nouvelle tendance encore utilisée aujourd’hui et très populaire au Maroc : Le Zellige, un carrelage traditionnel fortement coloré qui égaye très bien les maisons plus occidentales.
2. La mosaïque contemporaine : l’Art Nouveau
Finalement, depuis le XIIIème siècle, aucune nouvelle modification n’a été apportée à la mosaïque. Comme la mode de la crête iroquoise (!), elle aurait pu sombrer dans l’oubli… Mais non, car c’est au début de XXème siècle que la mosaïque fait son grand retour avec le style décoratif décalé et coloré d’Antonio Gaudi !
Gaudi usa de la technique dite du trencadis dont le concept est simple ; il utilisait des petits fragments de céramiques irréguliers, des débris de vaisselle ou de verre, le tout avec des couleurs très variées, pour recouvrir les façades de certains édifices, des cheminées, ou encore des bancs.
Et non sans rappeler la crête iroquoise finalement, voici l’oeuvre la plus connue de la mosaïque Gaudi ; Le Lézard du parc Güell à Barcelone.
Pour conclure nous pouvons remarquer que dans cette frise chronologique la mosaïque a évolué d’une manière générale dans une seule et même direction : la couleur !
Grâce au savoir-faire humain qui n’a cessé de s’améliorer, ou à la perception de l’Homme sur la vie qui a modifié son art. Tout dépendra de votre vision des choses, à savoir si vous êtes plutôt terre à terre, ou si vous avez un penchant pour la philosophie 😉
Quoiqu’il en soit, la mosaïque est devenue de plus en plus colorée au fil des siècles, sa présence s’est répandue dans notre cuisine ou dans notre salle de bain, dans le but d’illuminer nos vies ! 😃